La croisière basée constitue pour la Société Aéroportuaire Guadeloupe Pole Caraïbes, gestionnaire de l’aéroport une formidable opportunité de croissance du trafic mais surtout de diversification de l’offre de destinations et de compagnies aériennes.
Depuis plus de 20 ans , l’aéroport bénéficie, grâce à la croisière basée, de liaisons directes vers l’Italie et l’Allemagne, ouvrant ainsi la destination Guadeloupe aux touristes originaires de ces pays, et, à au-delà, à l’ensemble des voyageurs européens. Ce développement a été rendu possible grâce à la mise en place d’un process de traitement spécifique, longtemps unique dans la Caraïbe, fruit de l’implication et de la coordination étroite entre les différents acteurs (Aviation Civile, Douanes, CCI puis SAGPC, assistants en escales, compagnies aériennes et de croisières, Tour Operator, Port et CTIG,..) visant à garantir un transfert le plus simple possible entre l’avion et le bateau pour les passagers, qui n’ont plus à se soucier du traitement de leurs bagages, que ce soit à leur descente d’avion, à leur arrivée d’Europe, ou à leur débarquement du bateau, au moment de leur retour.
Aussi, la reprise des vols croisières le 23 décembre dernier, après 2 années d’interruption, liées à la crise COVID, était-elle très attendue ! Celle-ci a néanmoins confirmé que la crise sanitaire avait laissé des traces, puisque COSTA, l’une des 2 compagnies basées cette année, a décidé de n’avoir qu’un seul navire en port base au lieu de deux en 2020 au moment de l’arrêt des opérations. Tous les vendredis, durant les 3 mois de la saison 2022-2023, 3 vols charters dédiés en provenance d’Allemagne et d’Italie se sont posés sur le tarmac représentant au total 22 315 passagers auxquels se sont ajoutés 6 208 passagers arrivés sur les vols réguliers d’Air France, Corsair ou Air Caraïbes pour embarquer sur le Costa Fascinosa. En complément, 2 653 passagers ont également transité par l’aéroport pour embarquer sur le MSC Seaside les dimanches. Au bilan de la saison, ce sont près de 31200 croisiéristes qui ont été traités à Guadeloupe Pôle Caraïbes, soit 25% de moins qu’en 2019/2020.
Si la prochaine saison devrait voir de nouveau se poser des avions en provenance d’Italie, l’activité demeurera cependant en deçà des attentes en raison du choix de COSTA de repositionner l’embarquement des passagers allemands à Saint Domingue et d’y maintenir le traitement du second navire escalant dans notre zone. A contrario, MSC, longtemps en retrait, a fait le choix d’augmenter sa capacité, en particulier au départ de la Martinique, qui se retrouve avec un programme de vols en croissance, mais insuffisant pour acheminer les 5 000 passagers par semaine qui doivent remplir le navire.
Cette situation justifie la nécessité pour la SAGPC de poursuivre ses efforts de démarchage de nouvelles compagnies aériennes, notamment en Amérique du Sud et du Nord ainsi qu’en Europe, et poursuivre les actions mise en œuvre de concert avec le CTIG et le GPMG pour essayer de séduire de nouvelles compagnies de croisières à venir traiter leurs escales en port base en Guadeloupe. Ces démarches prospectives doivent s’inscrire dans un large schéma concerté avec les collectivités locales et les décideurs économiques et touristiques de la destination pour développer de concert l’attractivité du territoire et l’offre touristique, croisière ou résidentielle, à destination de ces marchés fortement demandeurs de séjours caribéens.
De ce point de vue certes, il y a la problématique de l’offre hôtelière, des excursions et l’accessibilité des sites, de la pratique des langues étrangères, des guides ou de la sécurité mais une nouvelle donne est également à prendre en compte : celle de la préservation de l’environnement qui va de notre point de vue devenir très rapidement un critère de choix pour les opérateurs mais aussi et surtout pour leurs passagers qui sont de plus en plus sensible à la question du développement durable. La SAGPC qui a fait, tout comme le GPMG, de la réduction de son empreinte carbone et de la préservation de l’environnement deux piliers de son nouveau plan stratégique CAP 2028, a déjà anticipé cette évolution.
Jérôme SIOBUD – Directeur des Opérations Guadeloupe Pôle Caraïbes