Un vent d’innovation souffle chez Marfret. Engagé dans la transition énergétique, l’armateur vient d’équiper l’un de ses navires de voiles du 21ème siècle. Quatre ailes en aluminium ont ainsi été déployées sur le Marfret Niolon, poussé par les Alizées sur le service MPV reliant le Nord-Europe aux Antilles et à la Guyane.
Utiliser la force du vent, cette énergie propre, gratuite et inépuisable, comme une aide précieuse à la navigation… Après plusieurs mois d’études, Marfret concrétise ce projet en dotant le Marfret Niolon de quatre turbo-voiles, pour améliorer son efficience énergétique. « Nous sommes enthousiastes à l’idée d’explorer de nouvelles solutions et d’accéder à cette énergie qui devrait diminuer la consommation de carburant de 10 à 15% sur notre ligne MPV», se réjouit Guillaume Vidil, directeur général de Marfret.
Initié fin 2020, le service MPV relie la Guyane et Pointe-à-Pitre au départ du Havre et d’Anvers et offre, aux Antilles, une connexion au service inter-îles « Ferrymar ». La ligne MPV atteint actuellement sa vitesse de croisière offrant aux chargeurs 1 212 mètres linéaires pour expédier notamment depuis les Antilles des marchandises dangereuses pour lesquelles il n’existe pas aujourd’hui de solution locale de stockage et de traitement.
Afin de contribuer à la décarbonation du transport maritime, l’armateur a choisi la technologie de la société hollandaise eConowind: « nous croyons beaucoup en l’avenir de la conteneurisation de l’énergie et c’est ce qui nous a conduits à opter pour cette solution ». Les ailes sont en effet facilement dépliables et installées dans des conteneurs de 40 pieds ce qui permet une grande adaptabilité et transférabilité du système. « Toute l’ingéniosité du conteneur, sur laquelle repose notre activité, est ainsi étendue au système d’assistance propulsive du navire » souligne Guillaume Vidil.
À l’intérieur du conteneur, le système de commande et l’hydraulique facilitent le déploiement des voiles et leur rangement lors des manœuvres au port. Le chef de quart peut décider, depuis la passerelle et en fonction des conditions météorologiques, de hisser les voiles de manière automatisée en fonction du vent et de l’angle.
Marfret envisage de généraliser ce système à l’ensemble de sa flotte roro en le combinant à des alternateurs attelés réversibles, résultant sur une propulsion hybride voile et électricité. « Nous avons les moyens de financer notre transition énergétique et de bâtir ce positionnement différencié », affirme Guillaume Vidil. À l’heure de la prise de conscience mondiale des enjeux climatiques, Marfret entend prendre sa part à l’effort collectif.
Bruno Julius
Directeur Agence de Guadeloupe, MARFRET